Il s'agit des personnages qui conduisent les âmes des morts vers l'autre monde, que ce soit dans les profondeurs de la terre, au ciel ou vers une nouvelle incarnation. C'est au dieu-chacal Anubis qu'en Egypte était confiée cette tâche. L'antiquité grecque connaissait Charon, qui faisait traverser le fleuve des Enfers, Orphée, qui avait visité ces mêmes Enfers, ou bien Apollon. A Rome, c'était Mercure, le dieu des voyageurs, porteur d'une bourse et héritier d'Hermès, qui remplissait cet office. La tradition bretonne parle de l'Ankou, avec sa charrette ou son bateau de la mort.
Le christianisme nous propose saint Michel, qui amène les morts à la pesée du Jugement, ou les anges qui hissent les âmes jusqu'au Paradis. Saint Christophe lui aussi, sur ses épaules, fait passer le fleuve, vers l'autre rive ; on le représente parfois avec une tête de chien, tandis que saint Guinefort, est lui-même un chien. Mais bien d'autres personnages, saints ou non, peuvent encore jouer ce rôle, sans oublier le Diable que l'on voit traîner les âmes damnées vers l'Enfer.
Certains animaux remplissent également cette fonction : le chien/chacal, bien sûr, mais aussi le cheval dans de nombreuses civilisations, ou le cerf, dont on a trouvé des bois dans certaines tombes préhistoriques.
C'est à Gargantua, qui transporte moines et charretiers dans sa hotte, ses poches ou sa dent creuse, qu'Henri Fromage confie cette mission de conduire les âmes vers l'au-delà, à moins que ce ne soit aux figures équivalentes pour lui du serpent à tête de bélier de la tradition celtique, du Mercure gallo-romain ou du cavalier à l'anguipède (Bulletin de la Société de Mythologie Française n° 56, p. 116).