"Sainte imaginaire, née (...) d'une confusion épigraphique." C'est ainsi que d'emblée Louis Réau, dans son Iconographie de l'art chrétien présente sainte Philomène. Elle aurait été "inventée" en 1802 lorsqu'à Rome on a découvert une inscription sur trois briques recouvrant des ossements. Mal recomposée, l'inscription "lumena paxte cum fi" serait devenue "pax tecum filumena", "Philomène, la paix soit avec toi".
Sainte Philomène dans l'église St-Lubin de Fréteval (41)
- comtesse de CHABANNES, Sainte Philomène, vierge et martyre, Paris, 1891.
- abbé Félix TROCHU, La petite sainte du curé d'Ars : sainte Philomène, vierge et martyre, Lyon, 1924 - Rééd. 1929.
- Roger PEYREFITTE, Les Clefs de saint Pierre, 1955.
- Jean DARCHE, Vie nouvelle du curé d'Ars et de sainte Philomène.
Mauvaise interprétation d'une inscription funéraire paléo-chrétienne.
Sainte légendaire, vierge et martyre.
Sainte Philomène dans l'église de St-Aubin-du-Pavoil (49)
Le 10 août, le lendemain de la Saint-Jean-Marie Vianney (le curé d'Ars).
- Du grec philein, "aimer" et mênê, "lune".- "Bien aimée"- Filia luminis, en latin : "fille de la lumière".
Sainte Philomène dans l'église du Marillais (49)
Bien sûr inconnue, puisqu'aucun texte ne parle de Philomène.
Pourrait avoir connu le martyre à Rome, entre le Ier et le IVème siècles (fin IIIème/début IVème si elle est morte sous Dioclétien), à l'âge de 14 ou 15 ans (d'après l'étude des ossements).
Sainte Philomène dans l'église de Varrains (49)
Inconnue.
- Thaumaturge, invoquée dans tous les cas, et tout particulièrement pour les petits enfants, ce qui explique sans doute son fréquent rapprochement avec saint Nicolas.
- Intervient pour soulager les âmes du Purgatoire.
- Invoquée par les dentellières du Velay.
Sainte Philomène dans l'église St-Lubin de Fréteval (41)
- Jeune fille vêtue à l'antique, couronnée de fleurs, avec une ancre à ses pieds, et trois flèches à la main.
- Palme du martyre.
- Souvent représentée couchée.
- Devant Dioclétien, en prison ou subissant le martyre.
stephilomene_topo.swf Mars Mullo
Curieusement sainte Philomène rejoint en plein XIXème siècle la cohorte de ces saints légendaires de l'Antiquité ou du Moyen Âge dont l'Église a du mal à reconnaître la simple existence.
Elle a été identifiée grâce à une inscription douteuse trouvée sur une tombe et accompagnée de quelques symboles : une ancre et des flèches (celles donc de son martyre), une palme (récompensant sa foi) et des feuilles de lierre ; grâce aussi aux débris d'une ampoule de verre qui aurait contenu quelques gouttes de son sang. Malheureusement, les trois briques sur lesquelles figuraient l'inscription pourraient être du réemploi et associer des fragments de mots incomplets ; et l'ancre était alors un équivalent de la croix comme signe de reconnaissance des chrétiens. La seule probabilité qui reste est que les ossements trouvés, et qui sont devenus reliques, étaient ceux d'une jeune chrétienne. Mais peu importe, puisque la foi s'en est emparée et que Philomène gratifie ceux qui lui font confiance ...
Son martyre reprend des thèmes familiers à la tradition hagiographique. Elle eut comme bien d'autres à souffrir, pour sa foi, sous Dioclétien, dont on a pu dire qu'il aspirait à l'épouser. Incarcérée, sa virginité est soumise à de rudes épreuves. Mais Marie vient la visiter dans son cachot. Publiquement flagellée, elle est consolée par les anges. Jetée dans le Tibre, une ancre attachée au cou, elle est secourue par des anges qui coupent la corde et la déposent, même pas mouillée, sur la berge opposée. Ce qui n'empêche pas ses tortionnaires de se saisir à nouveau d'elle. On veut la cribler de flèches, mais celles-ci ricochent et se retournent contre les archers. Et ce n'est qu'en la décapitant qu'on lui permettra enfin de gagner le Ciel et la compagnie des saints martyrs.
C'est par les nombreux miracles qui lui ont été attribués depuis la découverte de ses supposés ossements, que sainte Philomène a acquis une grande réputation en Italie et bien au-delà. Saint Jean-Marie Vianney, plus connu sous le nom du "curé d'Ars", reçut un jour d'une jeune fille un morceau d'os provenant de ces reliques, et ce fut pour lui un quasi "coup de foudre". Il lui voue une dévotion toute particulière et entretient avec elle une relation mystique. L'abbé Monnin n'hésite pas à parler d'un "amour ardent et presque chevaleresque", en ajoutant : " Leurs coeurs allaient s'unissant de plus en plus, au point qu'il n'y avait entre eux, dans les dernières années, non plus une relation à distance, mais un commerce immédiat et direct ; et dès lors le saint vivant eut avec la bienheureuse la familiarité la plus douce et la plus intime. " (Le Curé d'Ars, Paris, Douniol, 1861).
Le martyre de sainte Philomène, dans la cathédrale de Limoges
Sainte Philomène, dans l'église Saint-Michel-aux-Lions de Limoges
Sainte Philomène, dans l'église Saint-Michel-aux-Lions de Limoges