Sainte Barbe a été citée parmi les 14 saints "auxiliaires" (particulièrement secourables) autrefois reconnus par l'Eglise, et à ce titre sa statue trouve sa place dans un grand nombre d'églises, où elle est, ou était objet de dévotion Patronnant à un titre ou à l'autre de nombreuses professions, elle est tout particulièrement concernée par tous les métiers et situations où l'on s'expose au feu, celui de l'orage ou celui des explosions naturelles ou provoquées. Elle est également invoquée contre la mort subite.
La première Vita de sainte Barbe remonte au VIIème siècle.
De nombreuses vies lui ont par la suite été consacrées, en latin, grec, syriaque, arménien ...
- Jean-Loïc LE QUELLEC, Sainte Barbe et sainte Fleur - Hagiographie, ethnobotanique et traditions locales, Bulletin de la Société de Mythologie Française, n° 178.
- Comte de LAPPARENT, Sainte Barbe guérisseuse, Aesculape, t. III, 1932
- Comte de LAPPARENT, Sainte Barbe conjuratrice de la foudre, Revue de folklore français et colonial, 1928
Sainte qui n'est connue que par sa légende, qui circule dès le VIIème siècle.
Princesse orientale, martyre chrétienne des premiers siècles.
Sainte Barbe, église de Rahon, chapelle de Wisemal (Jura), XVIème siècle
- Barbara.
- A Gée, dans le Maine-et-Loire, elle est confondue avec saint Languisant.
- Sainte Julienne, martyrisée en même temps qu'elle.
- Son enfermement dans la tour évoque, entre autres personnages de légende, la Danaé grecque ou encore sainte Christine, elle aussi persécutée par son père.
La chapelle Ste-Barbe, au Faouët (22)
- Le 4 décembre, et également le 16 décembre.
- Le 8 août, en tant que sainte auxiliaire.
Barbara est en latin le féminin de barbarus, « barbare, sauvage, cruel. Ce nom lui aurait été donné par les chrétiens venus recueillir son corps pour l'enterrer : ignorant son nom, ils la désignèrent comme « la jeune femme barbare », barbara.
Sainte Barbe, église Notre-Dame de Villedieu-les-Poêles
Peut-être à Nicomédie (aujourd'hui Izmit, en Turquie), au IIIème siècle
Martyre entre 213 et 313, en un lien indéterminé (en Egypte, à Antioche, à Nicomédie, à Rome ou en Toscane ?) : elle est déchirée avec des ongles de fer, roulée sur des tessons de bouteilles, elle a les côtes brûlées et les seins arrachés, et enfin décapitée par son propre père.
Sainte Barbe, Pouilly-en-Auxois, fin XVème siècle
Fille du gouverneur romain Diaskoros ou Dioscore
Sainte Barbe est invoquée en de multiples occasions, et par des nombreux corps de métiers.
Elle sait détourner la foudre et le tonnerre, ainsi que la migraine des femmes, et elle protège de la mort subite, accordant aux agonisants la possibilité de recevoir les derniers sacrements.
C'est notamment la patronne de tous ceux qui manient le feu et les matières explosives, et de ceux qui peuvent redouter une mort accidentelle et subite, et notamment des mineurs (et par là-même du Nord-Pas-de-Calais), des pompiers, des artilleurs, ainsi que des carriers, architectes, maçons (en référence à la troisième lucarne qu'elle fait percer dans le mur de sa tour), des couvreurs, bouchers, chirurgiens, prisonniers, et des brossiers (en raison d'un jeu de mot entre la barbe et les poils de la brosse), ainsi que, en lien avec sainte Catherine, des écoliers et des étudiants.
Son culte est très répandu en Orient et en Occident, entre autres dans le nord et l'est de la France, en Bretagne et en Normandie. Elle est souvent invoquée sur les hauteurs, et son nom ou son image figurent sur les cloches, que l'on fait sonner contre la foudre.
Sainte Barbe, à la chapelle Ste-Barbe du Faouët (56)
Représentée près de la tour, percée de trois fenêtres, de son emprisonnement, portant la palme du martyre et une couronne, et parfois un calice et une hostie illustrant son intervention pour bénéficier des derniers sacrements.
Le culte de sainte Barbe est largement répandu dès le Vème siècle tant en Orient qu'en Occident.
Extrêmement populaire au Moyen-Age, elle est restée très présente dans les dévotions populaires en raison du nombre des bienfaits qu'elle procure et des professions qu'elle protège.
Elle a été retirée du calendrier liturgique en 1969, en raison de l'incertitude pesant sur son existence historique.
Saint Barbe, chapelle de Saint-Tugen (29)
Sainte Barbe, Dunkerque, église St-Eloi
La vie de sainte Barbe est, indépendamment de l'incertitude pesant sur les dates et lieux de son existence, fortement marquée par des thèmes légendaires.
On peut s'interroger sur l'origine de la popularité de cette sainte et sur les raisons pour lesquelles on l'invoque : est-ce par crainte de la foudre ? est-ce plutôt en raison du nombre de métiers qui sont placés sous sa protection : tous ceux qui exposent à des dangers difficilement prévisibles ? ou bien encore pour éviter la mort subite, qui empêcherait de préparer son âme à rejoindre l'au-delà, voire pour la solliciter, afin d'éviter la souffrance ?
On a pu dire que son culte s'était en certains lieux substitué à celui du dieu gaulois Borvo, le "bouillonnant".
Son rôle de protectrice contre la foudre peut s'expliquer par la mort subie par son père, foudroyé après l'avoir décapitée. Il est partout attesté par l'apposition de son nom sur les cloches que l'on fait sonner en cas d'orage, et par toute une série de dictons, tel que :
Quand le tonnerre grondera,
Sainte Barbe nous gardera.
ou :
Sainte Barbe et sainte Fleur,
Implorez Notre-Seigneur ;
Partout où cette prière se dira,
Jamais tonnerre ne tombera.
Jean-Loïc Le Quellec interroge longuement ce rapprochement avec sainte Fleur, dont on trouve de nombreuses variantes dans les formulettes populaires. Rien, selon lui, ne saurait associer une sainte Fleur, ou une sainte Flore, aux effets de l'orage. Il constate par contre le rôle de la fleur de l'aubépine qui, dès l'Antiquité, était censée protéger de la foudre. Le christianisme attribuait cette propriété au fait que la couronne d'épines du Christ était faite à partir de cette plante, à moins que ce ne soit la Vierge qui y ait fait sécher les langes de l'enfant Jésus, ou encore qu'elle se soit abritée sous cet arbuste lors de sa fuite en Egypte. Toujours est-il qu'il est resté l'usage de disposer l'aubépine sur les toits des maisons, où elle joue le rôle de paratonnerre.
La sainte fleur (sans F majuscule) de la formulette se révèlerait ainsi relever de la botanique plus que de l'hagiographie : il s'agirait, non d'une sainte, mais de la sanctification d'une certaine fleur. Et l'auteur en vient à s'interroger sur le personnage de sainte Barbe : ne pourrait-on pas aussi y voir une allusion botanique ? La joubarbe (« l'herbe de la tonnerre », ou jovis barba, « barbe de Jupiter », le dieu qui lance la foudre) n'est-elle pas utilisée également comme paratonnerre sur les toits, en même temps qu'elle écarte les sorts et porte bonheur à la maisonnée ? La sainte barbe invoquée serait donc à son tour une sanctification de la joubarbe, dont les vertus supposées se seraient reportées sur la sainte Barbe martyrisée qu'elle aurait contribué à populariser. Et J.-L. Le Quellec rajoute que c'est parfois à sainte Claire que sainte Barbe est associée, en vertu d'un jeu de mot sur le mot « éclair » ; et là aussi il trouve une correspondance botanique avec la grande chélidoine connue localement sous le nom de « érbe de l'écllaer ».
La fontaine Ste-Barbe, au Faouët (22)
La vie de sainte Barbe, église St-Mathurin de Moncotour (22)
La vie de sainte Barbe, église St-Mathurin de Moncotour (22)