Saint Céneré est un des nombreux saints évangélisateurs qui se sont illustrés dans nos campagnes encore sauvages - les « déserts » - au cours des VI et VIIèmes siècles. Arrivé d'Italie, il s'est installé en ermite sur les bords de l'Erve, et a entrepris d'apporter la foi aux habitants de ce lieu retiré. Il multiplie les bonnes oeuvres et les miracles. C'est lui notamment qui fait jaillir la source guérisseuse qui coule toujours et à laquelle les fidèles continuent de recourir pour soulager leurs maux.
L'ermitage de saint Céneré, à Saulges
- Dom Paul PIOLIN, Vie de saint Céneré ou saint Sérené et le pèlerinage de Saulges, Angers, imprimerie P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau, 1868.
- Jacques LEVRON, Les Saints du pays angevin, Grenoble, Paris, B. Arthaud, 1943.
- Pierre GUICHENEY, « Des p'tits saints très catholiques ? », Maine découvertes, n° 14, sept. Oct. 1997.
- A. GROSSE-DUPERON, Deux excursions au pays de Saulges - Souvenirs d'un touriste, Mayenne, Poirier-Bealu, 1901.
Ermite
Saint Céneré
- Cénéré, Cérènède, Séréné, ou Sérené (au XIXème siècle et en certains lieux comme à Angers).
- A Saulges, familièrement en évoquant la source : le « petit saint qui pisse ».
- Le 21 juillet.
- Le diocèse de Sées a choisi de célébrer saint Céneré en même temps que saint Céneri le 11 mai.
A rapprocher de l'italien cenere, "cendre" ?
Saint Sérené, au côté de saint René, dans la cathédrale d'Angers
Spolète (Ombrie, en Italie) au début du VIIème siècle, ou, selon certains, vers 630 ou 640.
Un 21 juillet, à Saulges, vers l'an 680, enterré dans l'église Saint-Pierre de Saulges, avant d'être transféré dans la cathédrale d'Angers.
Saint Céneré, près de la source, à Saulges
- Famille patricienne chrétienne.
- Frère cadet (ou jumeau ?) de saint Céneri
Saint Céneré est tout particulièrement vénéré à Saulges, sur les lieux où il vécut. Une source guérisseuse y reçoit la visite des pèlerins tout au long de l'année, et tout spécialement lors d'un pèlerinage annuel qui se tient fin juillet ou début août.
Il est imploré contre toutes sortes de maux : la sécheresse, la guerre et la peste, les maladies de peau, la goutte et les maladies oculaires. Il aide également les enfants à marcher, et est invoqué par les jeunes filles désirant se marier.
Représenté en ermite, ou, le plus souvent, avec les insignes de sa fonction de cardinal : le chapeau rond et la robe (fendue sur le devant) de couleur pourpre.
Né d'une famille aisée et ayant reçu une excellente éducation chrétienne, Céneré, suivant l'exemple de son frère Céneri, choisit de servir Dieu, et se rend pour cela à Rome, où il entre dans l'ordre bénédictin. Le pape remarque les deux jeunes hommes, et leur confie une charge en les nommant diacres-cardinaux.
Ils renoncent cependant à leurs privilèges, et se dirigent vers la Gaule avec la mission d'en convertir et éduquer la population. Après un long périple, ils parviennent à Saulges, où ils s'installent en ermites dans une grotte sur les bords de l'Erve. Céneri poursuivra plus loin se recherche de solitude, tandis que Céneré entreprend une vie de pénitence, au service de la population.
Sa réputation de sainteté et les pouvoirs qu'on lui attribuait attirèrent vers lui nombre de fidèles qui avaient besoin de conseil et de réconfort.
Finalement, emporté par la maladie, il meurt au milieu de ses disciples, et il est enterré dans une église, probablement la chapelle Saint-Céneré de Saulges. Mais son corps fut transféré au VIIIème siècle dans la cathédrale d'Angers.
Saint Sérené, rapproché sur ce vitrail de saint René, dans la cathédrale d'Angers
Saint Céneré, ermite
C'est, pour dédier toute sa vie à Dieu et à la contemplation, et en quête de solitude, que, sur les conseils d'un ange, Céneré suit son frère Céneri, et quitte avec lui le giron familial, d'abord pour Rome, puis pour le « désert » de Saulges.
Ses jeûnes, l'ascèse à laquelle il se soumet et ses prières lui valent d'acquérir des pouvoirs surnaturels : il entre fréquemment en extase, s'entretient avec les anges et pénètre les coeurs de ceux qui le visitent, leur apportant la révélation des fautes oubliées le réconfort et les conseils.
C'est lui qui, à la demande de l'évêque Béraire du Mans et par ses prières, fléchit le ciel alors que la guerre, la sécheresse et une épidémie de peste déciment la population : la pluie se met à tomber et chasse les vapeurs pestilentielles, tandis que les combattants pactisent.
Il fut également thaumaturge, guérissant divers maux par simple contact ou à travers l'eau ou le pain qu'il avait touchés, et en particulier rendant la vue à des aveugles et faisant tomber la fièvre. Son tombeau fut encore le théâtre de nombreux miracles, et aujourd'hui encore il est invoqué pour différentes maladies et infirmités, et principalement les troubles de la locomotion et de la vue.
Le lieu où il est tout particulièrement honoré, et où l'on vient par son intercession demander des grâces, se situe près de Saulges, sur les bords de l'Erve et à flanc de coteau. C'est là qu'il avait son ermitage, et c'est là que l'on peut toujours voir la source qu'il fit jaillir. Il s'agit d'un lieu très symbolique, unissant le thème de l'eau vive à celui de la roche brute, et que l'on peut supposer avoir été déjà sacralisé bien avant la venue du saint.
La source est guidée le long d'une longue rigole de pierre et est recueillie dans une vasque circulaire, et les pèlerins viennent là recueillir l'eau pour la boire. Mais elle suinte également au-dessous, au sein d'une grotte aménagée dans le rocher, et elle y alimente un bassin également circulaire où l'on vient baigner les membres malades. Après quoi, l'on dépose dans les interstices des parois les linges qui ont servi à cet usage ; le mal est supposé disparaître lorsqu'ils sont secs.
Saint Céneré fait jaillir la source, tableau de l'église Saint-Pierre, à Saulges
La source de saint Céneré, à Saulges