Belisama est, avec Epona, la déesse dont le nom est le plus souvent attesté en Gaule. Ultérieurement assimilée à la Minerve latine, elle avait un aspect guerrier, mais était en fait très populaire et était invoquée en tant que guérisseuse et que patronne des artisans. Son nom, "la très brillante", pourrait être une épithète donnée à la Grande-Déesse.
Paul-Marie DUVAL, Les Dieux de la Gaule, Paris, Payot, 1957 - Réed. 1976, 1986, 1993.
Yann BREKILIEN, La Mythologie celtique, Éditions du Rocher, Monaco, 1993.
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Jean-Paul PERSIGOUT, Dictionnaire de mythologie celte, Éditions du Rocher, Monaco, 1985.
Pré-celtique.
La Grande Reine.
Ancienne déesse solaire.
Le nom de Belisama semble être une épithète de Minerve (Athéna), déesse de la sagesse et des artisans, qui avec la romanisation se substituera à elle.
- On la compare à la Brigit irlandaise.
- - Equivalente de par son nom de Bellissant dans les romans liés au roi Pépin et à Valentin et Orson, et de Berthe (la brillante en germain).
- Patrice Lajoye (BSMF 218) rapproche cette déesse de sainte Apolline, en considérant le nom gaulois de la jusquiame ("l'herbe de sainte Apolline") : belinuntia.
Selon l'acception la plus courante, "la très brillante" ou encore "la très puissante", le suffixe étant superlatif par rapport au nom de Belen. Dontenville, quant à lui, suggère "celle qui est semblable à Belen".
On a pu aussi faire remonter son nom, comme celui de Belen, à bellus, "guerre".
Parèdre de Belen.
- Guerrière ou chasseresse.
- Protectrice, sans doute dispensatrice de fertilité, et surtout, associée aux sources thermales, guérisseuse.
- Patronne des petites gens, en particulier des femmes. C'est probablement en faisant référence à elle qu'au VIIème siècle saint Eloi demande qu'aucune femme ne pende à son cou de l'ambre et n'invoque ni Minerve ni aucune autre misérable soit pour filer, soit pour teindre, soit pour faire quelque autre ouvrage.
- Déesse du feu et de la forge, elle est associée au feu domestique ; elle a en charge la métallurgie, et tout particulièrement la fabrication des armes. C'est, sous son aspect guerrier, la déesse des forgerons ; elle patronne également les arts et l'artisanat. Pourrait de ce point de vue apparaître comme celle qui met en oeuvre la puissance irradiante de Belen.
Représentée portant des armes.
vide.swf Mars Mullo
Il est souvent difficile d'identifier les dieux gaulois, dont les noms et les fonctions se superposent volontiers. Cela est encore plus vrai pour les divinités féminines qui, toutes, semblent converger vers la figure universelle de la Grande Reine, celle qui confère la souveraineté, la Déesse-Mère pré-celtique. C'est le cas pour Belisama, si ce n'est que son culte connaît une large diffusion, alors que la plupart des autres déesses attestées restent souvent localisées. Certains traits se dégagent néanmoins.
D'emblée on peut la définir comme une déesse solaire. Elle est de par son nom "lumineuse". Mais, dans le couple qu'elle forme avec Belen, elle pourrait tout aussi bien incarner la lune celtique, à moins bien sûr que les rôles ne soient inversés : pour les Celtes et la Germains, la lune est un mot masculin, tandis que le soleil reste attaché au féminin.
Belisama est également invoquée pour la santé. Elle n'est pas médecin, mais dispense ses bienfaits grâce aux sources thermales, aux cycles naturels. Elle est certainement aussi placée sous le signe de la fécondité.
Enfin elle veille sur le feu sacré, le feu domestique et le feu de la forge. Assimilée à Minerve, elle forge les armes et, à ce titre, apparaît en divinité guerrière. Mais elle semble avoir été avant tout, en Gaule, la déesse de l'artisanat et des travaux féminins, comme le tissage. Et elle pourrait former avec Mercure et Vulcain, fréquemment représentés avec elle, une triade ouvrière.