Angles fut autrefois au bord de la mer. Elle s'est retrouvée au coeur d'une zone marécageuse jusqu'à ce que les temps modernes viennent canaliser des eaux jusque là mal domestiquées.Les fantasmes de l'imaginaire vendéen ont naturellement trouvé asile en ce domaine ambigu, et se sont notamment concrétisés dans une figure mi-terrestre mi-aquatique qui interpelle le visiteur du haut du fronton de l'église : la Malebête, réputée se nourrir de la beauté des filles d'Angles.
Le Troussepoil
- R. Crozet, "L'église Notre-Dame d'Angles", in Revue du Bas-Poitou, 71ème année, n° 6, nov. déc. 1960.
- Jacques Gorphe, La fabuleuse Eglise d'Angles, chez l'auteur, 2001.
- Jacques Gorphe, Histoire de Moric.
- Jacques Gorphe, La Tour de Moric à Angles.
- Pierre Dubourg-Noves, "Notre-Dame d'Angles ", et Christian Corvisier, "Angles - La tour de Moricq ", in Congrès Archéologique de France - Vendée, Paris, Société Française d'Archéologie, 1996.
- Alfred Ziegler, L'Ours qui mangeait la beauté des filles d'Angles, chez l'auteur, 1996.
- Jean-Loïc Le Quellec, Fontaines miraculeuses et Eaux consacrées guérissantes ou légendaires de Vendée, Talmont-Saint-Hilaire, La Poussinière, 1986.
- Jean-Loïc Le Quellec, La Vendée mythologique et légendaire, Mougon, Geste éditions, 1996.
- Guide de la France mystérieuse, Paris, Claude Tchou, 1964.
- Joël Perocheau, La Sorcellerie en Vendée, Les Sables d'Olonnes, Le Cercle d'or, 1978.
- Un roman : Régine Pascale, Mort à Moricq, Le Poiré-sur-Vie, Vents et Marées, 1996.
La légende de la Malebête est rapportée et adaptée dans différents recueils. Citons :
- Quicherat, Revue des Sociétés savantes des départements, année 1861, p. 263.
- Benjamin Fillon, Poitou et Vendée, 1865.
- Georges Boisson, Les Veillées vendéennes - Contes en vers, Niort, L. Clouzot, 1892.
- Clébert, Légendes et traditions de France
- Joseph Rouillé, Contes et récits de Vendée, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Echos du Passé,1985.
- Cécile Ménard, Contes et légendes de Vendée, Rennes, éditions Ouest-France, 2001.
Le bourg et l'église d'Angles sont attestés au XIème siècle. Mais c'était déjà le lieu d'un établissement gallo-romain, et l'on relève nombre de mégalithes préhistoriques dans les environs, dont un dolmen, détruit, sur le territoire d'Angles.
A sept kilomètres de la mer, entre plaine et marais, et en bordure du Marais Poitevin, Angles se situe sur des zones basses qui, au fil des siècles, ont été gagnées sur les eaux. De petites collines, les « terriers », entre lesquels la marée autrefois remontait le long du vallon du Troussepoil, relèvent ce paysage et recèlent les témoignages des premiers habitants de la région.
Dépendant de la province du Poitou, cette région était située à l'écart des grandes routes et a longtemps formé un pays refermé sur lui-même, ses traditions et ses légendes.
Le Troussepoil à Angles
- L'église Notre-Dame.
- La tour de Moricq, un ancien donjon.
Tous les lieux revendiquant une tradition relative à l'ours, comme Saint-Vaast dans le Nord, ou Andlau en Alsace où une représentation de l'ours était autrefois placée à l'entrée de l'église.
L'église d'Angles, avec la Malebête au haut du fronton
Aliénor d'Aquitaine, qui aurait contribué à la rénovation de l'église, et son mari Henri II Plantagenêt.
Gilles de Rais, dont la famille possédait la seigneurie d'Angles.
La tour de Moricq
On a pu parler d'angelus, « ange ». Mais ce type de toponyme renvoie habituellement au latin angulus, «angle, espace étroit, recoin», désignant la forme du village, ou bien un (ancien) cap dans la mer. Il semble plutôt, d'après les documents historiques, se référer aux « quatre angles » d'une ancienne villa sur les ruines desquelles un certain Guillaume Herbert aurait fondé le village et l'église.
Le nom du ruisseau de Troussepoil pourrait provenir, selon Jacques Gorphe, de tres puteoli, « trois puits », allusion aux puits funéraires fréquents dans la région, ou bien, selon J.-L. Le Quellec, de tres podium, « trois hauteurs » ...
Moricq peut désigner, en celtique, une « petite mer », ou bien tout simplement se référer aux « marais » environnants.
Les documents historiques ne remontent pas au-delà du XIème siècle, lorsque le bourg est établi. Des ruines existent cependant à cette époque, et l'on y signale une ancienne Villa Aruntis, qui tire son nom du latin arunda, « roseau », conforme à la nature marécageuse de l'environnement. Et des traces d'occupation gallo-romaine témoignent d'une présence humaine sur les lieux, antérieure aux déprédations opérées par les Vikings.
En remontant plus loin, Angles se situe dans une zone à forte concentration de mégalithes préhistoriques, et deux d'entre eux, aujourd'hui disparus, ont été signalés sur la commune, tandis que la proximité de vestiges paléolithiques et néolithiques témoignent de l'ancienneté de ces lieux. On peut imaginer la région aux temps celtiques : submergée, avec des îlots abritant de petits groupes humains vivant de la pêche, qui resteront à l'écart de la romanisation du pays.
Le bourg d'Angles est fondé (ou rétabli après le passage des Vikings), avec son église Sainte-Marie, vers 1075 par Guillaume fils d'Herbert, qui eut pour fils Herbert le Diable. Il passe au début du XIIIème siècle à la famille de Rais, qui a donné son nom au pays de Retz, et dont le plus illustre représentant reste Gilles de Rais, compagnon de Jeanne d'Arc et auteur de multiples et abominables crimes.
Dolmen du Grand-Bouillac, à Saint-Vincent-sur-Jard
Longtemps pays de marécages, Angles semble marquée par cette proximité de l'eau qui pénètre la terre, et qui rappelle son antique proximité avec la mer.
Il fut un temps où la Malebête, qui a été parfois assimilée à la bête Pharamine, sévissait sur le pays. Les nuits d'Angles sont toujours hantées par d'étranges créatures provenant de la tradition vendéenne : les fées qui, à la façon de Mélusine, édifient nuitamment, en transportant les pierres dans leurs tabliers, l'église et la tour de Moricq ; les loups-garous et les garaches, leurs équivalents féminins, qui sont des humains condamnés à courir la campagne la nuit sous forme animale, jusqu'à ce que quelqu'un les blesse en faisant couler le sang ; les farfadets, joyeux lutins jouant volontiers des tours ; la dame blanche qu'on pouvait apercevoir par les nuits glacées et qui savait soulever et apaiser les tempêtes ; le cheval Malet qui emporte dans une course folle ceux qui se hasardent à monter sur son dos ; la chasse Gallery dont on a pu dire que l'ours sur le pignon de l'église serait une victime.
Cette région de Vendée était terre de sorcellerie. On se souvient des invectives, en cas de crise, du curé le dimanche à la messe : « Excommuniés, magiciens, sorciers, vous tous qui pratiquez le sortilège, sortez d'ici. » Si personne ne se dénonçait pas, il recommençait le dimanche suivant et prévenait les femmes enceintes de ne pas venir à la messe la prochaine fois : il se livrait alors à un rite épouvantable, lançant des menaces qui condamnaient le coupable à une errance de sept années, l'obligeant à visiter chaque nuit sept paroisses.
On parle aussi à Angles d'un réseau de souterrains, réels ou imaginaires, qui sillonneraient le sol calcaire, reliant l'église aux maisons du village et à la tour de Moricq, distante de deux kilomètres, et se prolongeant même jusqu'à Fontenay-le-Comte et aux Sables-d'Olonne via Luçon. Et aussi de trésors enfouis : un veau d'or dans un puits près d'un ancien menhir et/ou sous la chapelle de la Motte (sur les ruines de laquelle on pouvait voir, le soir, une lumière planer), et un coffre en cuivre caché dans l'enceinte de la tour de Moricq, qu'on ne peut découvrir qu'au moment du Sanctus de la messe de minuit de Noël.
Le réseau des canaux autour d'Angles
Le réseau des canaux autour d'Angles
Bernard Chevat, président de l'Office de Tourisme d'Angles
Alfred Ziegler
Kelly Balouzat
Jean-Loïc Le Quellec