Un beau jour, la reine de Bretagne se rendit dans un verger au bord d'un lac. Elle s'y assoupit et, à son réveil, elle vit venir à elle un merveilleux chevalier ... Le Lai de Tydorel s'ouvre sur un paysage lacustre, proche de Nantes, qu'il est tentant d'identifier avec le lac de Grand-Lieu. Et si l'on considère que le texte mentionne une traversée de 4 lieues (1 lieue gauloise = 2222 mètres), on peut localiser l'épisode à l'extrémité la plus proche de Nantes d'un axe qui rejoint Saint-Lumine-de-Coutais : la boire Malet. Il s'agit en même temps d'un lieu féerique, investi de pouvoirs, car « celui qui pourrait passer le lac à la nage obtiendrait tout ce à qui il songerait et saurait tout ce qu'il désirerait savoir. » On retrouve dans ce texte le thème de l'union avec un être surnaturel, union génératrice de lignée, à l'exemple de celle initiée par Mélusine. Le chevalier vient de l'au-delà, d'une contrée indéfinie, sinon qu'elle se situe apparemment sous la surface lisse du lac, sous les eaux (le domaine de Viviane ?), là où le rejoindra ultérieurement son fils Tydorel. Ce dernier est également marqué au sceau du surnaturel en ce qu'il ne dort jamais. Jean Paul Lelu (BSMF n° 194)souligne le lien qui peut s'établir entre ce texte et une tradition celtique pérennisée par le récit gallois Pwyll, prince de Dyved, dont il pourrait être une résurgence. Et le tertre au bord du lac, où se situe la rencontre, est un équivalent du sidh irlandais, lieu de communication entre ce monde et l'autre.
La Boire de Malet, à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu