Le nom d'Arthur renvoie aussitôt à la notion de royauté : il s'agit du "Roi Arthur". Et on le voit tout de suite entouré de ses fidèles chevaliers, réunis autour de la Table Ronde : image d'un pouvoir centralisé, garant de stabilité et de prospérité. Les aventures dont la légende a émaillé son règne prouvent cependant que l'ordre politique restait bien relatif, à la merci de bien des imprévus et incidents. Comme tout un chacun, Arthur a ses faiblesses intimes, qui minent son pouvoir. Et la fin de son histoire personnelle coïncide avec l'éclatement de son royaume. Il demeure cependant "le rêve de délivrance d'un peuple asservi" H. Dontenville), et le symbole de l'unité des deux Bretagnes (de part et d'autre de la Manche) où son retour providentiel est toujours espéré.
- la Vita Coumbae (VIIème siècle) d'ADOMAN est la première à mentionner un fameux guerrier du nom d'Arturius
- Xème siècle : NENNIUS, Historia Brittonum, où son personnage s'enrichit d'éléments mythologiques
- Xème siècle : Annales de Cambrie
- fin Xème siècle : Kulhuch et Olwen, fondement gallois de ce qui deviendra la littérature arthurienne
- 1102 : le roi Arthur figure dans la Vita Gildae, Vie de saint Gildas, ainsi que dans d'autres vies de saints gallois (Paterne, Cadoc, Caradoc) de la même époque
- le Livre noir de Carmarthen et le Livre rouge de Hergest.
- 1120 : Guillaume de MALMESBURY, Gesta Regum Anglorum
- vers 1135 : Geoffroy de MONMOUTH, Historia regum Britanniae, dont Arthur est la figure centrale.
- 1155 :Robert WACE, Le Roman de Brut.
- XIIème siècle : Marie de FRANCE, Le Lai de Lanval.
- l'ensemble des récits relevant de la matière de Bretagne.
- Marcel BRASSEUR, Le Roi Arthur, héros d'utopie, Paris, Editions Errance, 2001
- Jean MARKALE, Le Cycle du Graal (La Naissance du Roi Arthur, Les Chevaliers de la Table Ronde, Lancelot du Lac, La Fée Morgane, Gauvain et les chemins d'Avalon, Perceval le Gallois, Galaad et le Roi Pêcheur, La Mort du Roi Arthur), Pygmalion, 1992-1996, 8 vol., et Petite encyclopédie du Graal, Pygmalion, 1997.
- Ruth MINARY et Charles MOORMAN, Petit Dictionnaire du monde arthurien, Rennes, Terre de Brume, 1996.
- G. JEANNEAU, La Mort du roi Arthur, Paris 1993.
- Jean MARKALE, Le Roi Arthur et la société celtique, Paris, 1976-1992.
- Norma-Lorre GOODRICH, Le Roi Arthur, Paris, Fayard, 1986 - Réed 1991.
- Elisabeth JENKINS, The Myth of King Arthur, Londres, Jpseph, 1975.
- Jean MARX, La Légende arthurienne et le Graal, Paris, Presses Universitaires de France, 1952.
- Michel LASCAUX, "Le Roi Arthur et les mythes celtiques de la chasse", Bulletin de la Société de Mythologie Française, n° 109.
Site Internet :
- L'Histoire du Monde : http://www.histoiredumonde.net/moyen_age/graal/berceau.html
- Chef de guerre (dux bellorum), personnage historique de l'île de Bretagne (sud du Pays de Galles, Cornouailles, Devon), héroïsé par la tradition et ensuite christianisé. Engagé aux côtés des Romains contre les envahisseurs (Angles et Saxons), il aurait réussi à fédérer les diverses factions bretonnes.
- Matière de Bretagne.
- Roi de Logres.
- Fondateur et maître des Chevaliers de la Table Ronde, siégeant à Caerleon.
Arthur, entouré des chevaliers de la Table Ronde (miniature du XIVème siècle, Bibliothèque Nationale)
- Artus, Arthus, Arthour, en breton Arzur.
- Le Sanglier de Cornouailles.
- Le roi Conchobar de la tradition irlandaise.
- Pour Chrétien de Troyes, Henri II Plantagenêt qui a inspiré le personnage.
- Charlemagne, qui est son équivalent sur le territoire des Francs.
Artos, qui désigne l'ours dans les langues celtiques (artio en gaulois, arz en breton, arth en gallois, arth en irlandais).
Vers 470, à Tintagel, en Cornouailles anglaise.
- A la bataille de Camlann, en 537.
- Arthur en fait ne serait pas mort, mais en dormition. Enlevé par Morgane dans l'île d'Avalon, il y attendrait le moment favorable pour venir réunifier le royaume de Bretagne.
- Les rois anglo-normands et les moines de l'abbaye de Glastonbury (seule église de l'île de Bretagne réputée ne pas avoir été profanée par les Saxons) prétendent y avoir retrouvé la tombe d'Arthur en 1191.
- Fls d'Uther Pendragon et d'Ygerne.
- Fils adoptif du chevalier Antor (ou Seven ou Ector), qui l'élève avec son fils Keu, son frère de lait.
- Demi-frère de Morgane et d'Anna
- Oncle de Gauvain, Agravain, Gahériet et Gareth
- Mari de Guenièvre
- Père (incestueux, avec Anna) de Mordret.
- Souverain universel, le grand roi de toute la Bretagne, dont on attend le retour pour opérer sa réunification, et personnification du Roi en général.
- Symbole de la lutte contre les envahisseurs saxons, avant de devenir, pour les Bretons armoricains, celui de la lutte contre les Francs.
- Fondateur et maître des Chevaliers de la Table Ronde, défenseur des valeurs courtoises et chevaleresques.
- Ses attributs : son épée Excalibur, sa jument blanche Lamrei, son chien Cavall, son bouclier magique.
- Représenté siégeant à la Table Ronde au milieu de ses chevaliers et rois vassaux.
- Partage sa résidence entre plusieurs châteaux, essentiellement Caerlion, Carduel et Camelot.
Arthur est un personnage historique, mentionné dans différents ouvrages, un dux bellorumn un "chef de guerre" qui s'opposa aux envahisseurs germaniques. Il est de toute évidence très présent dans les traditions orales et prend peu à peu une dimension mythologique. Autour de lui se cristallisent peu à peu tout un ensemble de récits qui vont constituer le cycle arthurien, également désigné sous l'expression matière de Bretagne. Il incarne l'identité celte de l'île de Bretagne face aux invasions anglo-saxonnes, de la même façon que Charlemagne s'oppose aux Sarrasins, et par là même il s'impose comme un symbole que le royaume Plantagenêt dresse face au personnage de Charlemagne. Comme le relève Claude-Alain Chevallier dans ses commentaires à Yvain, le chevalier au lion (Librairie Générale Française, 1988, p. 203) : " En deux ou trois siècles, Arthur devint le pivot autour duquel gravita tout un système d'histoires indépendantes à l'origine les unes des autres qui finirent par former un vaste et riche réservoir. "
L'apparition du Graal devant le roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, église de Tréhorenteuc (35)
A la façon de bien des héros mythologiques, et - pour s'en tenir au cycle arthurien - de Lancelot, il est un enfant séparé de sa mère et maintenu dans l'ignorance de ses origines. Or celles-ci le destinent à une grande mission, mais il devra auparavant faire l'apprentissage de la vie et prouver, aux yeux de tous et à lui-même, sa valeur.
Comme le personnage historique qui l'a inspiré, c'est à la force de l'épée qu'il conquiert le pouvoir, et précisément en arrachant une épée magique - Excalibur - scellée dans le rocher (ou dans une enclume). Mais cette épreuve qui le désigne comme roi est toute symbolique, car il est fils d'Uther Pendragon et comme tel destiné à régner. Par contre, dès qu'il se trouve investi par les forces supérieures qui guident son destin, et par le pouvoir spirituel incarné par Merlin, il représente la royauté et cesse d'agir de lui-même.
Il doit cependant être encore investi, recevoir la souveraineté, et c'est la reine Guenièvre qui la lui transmettra et qui continuera à l'incarner à ses côtés. Arthur n'est rien non plus sans ses chevaliers. Ce sont eux qui agissent en son nom, et sans eux il en est réduit à l'impuissance : la reine elle-même peut se faire insulter sous ses yeux, ou même être enlevée, sans qu'il lève le petit doigt. Il n'a pas le pouvoir de rétorquer et doit en appeler à ses compagnons pour obtenir réparation. On peut même lui reconnaître une certaine faiblesse morale : dans Perlesvaux (chap. XXXVIII), il se laisse influencer par son ancien ennemi Brian-des-Iles au point de croire à ses accusations non fondées et de faire emprisonner Lancelot, son chevalier le plus fidèle.
Même s'il doit au début s'affirmer par des exploits qui l'authentifient, et s'il doit à la fin prendre une part personnelle à la défense du royaume, Arthur représente avant tout le roi immobile, au centre, qui s'informe de tout, vers lequel tout converge, mais qui a cessé d'agir de lui-même. Il incarne, en tant que figure royale, la paix, la stabilité, la prospérité. Mais il est en même temps l'outil même de la ruine du royaume. Sa faiblesse encourage la relation adultère de Guenièvre et de Lancelot, source des conflits qui vont faire éclater la belle unité du royaume. Et c'est lui-même qui, en une liaison incestueuse antérieure à son accès à la royauté, engendre Mordred, celui qui va usurper le trône et provoquer la désastreuse bataille de Camlann.
Il convient de replacer le personnage d'Arthur dans la perspective temporelle : chef de guerre à l'aube du VIème siècle, devenu héros de romans sept siècles plus tard, il a endossé une apparence et des fonctions qui n'étaient originellement pas les siennes. Mais il s'inscrit en même temps dans une continuité, celle d'une certaine conception celtique du pouvoir ; et ce sont bien les valeurs qu'il représentaient de son vivant et qui sont restées ancrées dans la mémoire populaire comme dans celle des clercs, qui l'ont désigné pour incarner son personnage.
Son image dépasse quelque peu son incarnation de la royauté et rejoint certains thèmes mythologiques. Il est étymologiquement ours, l'animal royal chez les Celtes, et il pourrait être le successeur d'un ancien dieu de la souveraineté. La légende d'autre part le montre combattant géants et dragons. Il ne faut pas oublier qu'il est lui-même fils d'Uther Pendragon, "terrible tête de dragon", et que son emblème est le dragon. Jean Markale suggère, dans Les Dames du Graal (p. 301) : "Arthur est l'image d'un antique dieu agraire, une sorte de Saturne égaré dans un monde de violence, un âge de fer, et qui rêve de reconstituer le fabuleux Âge d'or des origines."
Il ne faut pas négliger non plus la vision qu'en donnent les traditions populaires, celle du chasseur sauvage ou du roi Artus à Huelgoat.
Le roi Artus, protégé par la Vierge, combat le géant Flollo aux portes de Paris assiégé, d’après une gravure sur bois des Chroniques de Bretagne, Paris, Galliot du Pré, 1514