Indissociable du personnage et de la légende de Mélusine, la fée à la queue de serpent et, historiquement, de la famille des Lusignan, la ville de Vouvant s'inscrit dans l'imaginaire vendéen : la campagne est hantée par une multitude d'êtres bénéfiques ou maléfiques, auxquels semblent répondre les figures qui ornent le portail de l'église.
Les armoiries (modernes) de Vouvant
- Vouvant, cité médiévale fortifiée et sa forêt, brochure de la commune et du Syndicat d'Initiative de Vouvant, 1986.
Vouvant a d'abord constitué une position stratégique facile à défendre, sur un promontoire presque totalement encerclé par les méandres de la rivière.
En bordure de la forêt domaniale de Mervent-Vouvant, sur un promontoire dominant la rivière de la Mère qui forme une boucle à ses pieds.
Le bourg de Vouvant autour de l'église
Bannière de l'église Notre-Dame
On note, jusqu'à la fin du XIXème siècle, l'orthographe Vouvent.
Mélusine, bien entendu, et son fils Geoffroy la Grand-Dent, ou plutôt le personnage historique connu sous ce nom, enterré dans l'église.
La Mère au pied de la tour Mélusine
On en relève pas de fête particulière à Vouvant. Il y a quelque temps, la nuit précédant le premier mai était l'occasion de déposer des bouquets aux fenêtres des filles. Un petit mot y était éventuellement joint, et si la jeune fille et sa famille consentaient au mariage avec le prétendant, celui-ci était invité à l'Ascension à manger la caillebotte (lait caillé à la chardonnette).
- Il semble qu'il faille se rabattre, pour Vouvant, sur un nom d'homme, du type Volventus. Au XIème siècle , si l'on en croit la charte de fondation de Guillaume le Grand, on rattachait Vouvant au latin volvere, « tourbillonner », « à cause que de toutes parts le tertre est abreuvé de la rivière ». Il est également tentant de mettre ce nom en rapport avec celui de Mervent (en gaulois maro vidua, « grande forêt »),dont l'étymologie est distincte, même si l'on peut y déceler un rappel phonétique. Ces deux noms ont aussi été expliqués, dans la tradition populaire, par la notion de « vent » ou par le nom de la rivière du Vent, qui rejoint la Mère près de Mervent, au Pont du Déluge, ce qui fournit une autre clef pour le nom de cette commune, à moins bien sûr que ce ne soit la rivière (également nommée « des Verriers ») qui ait été ainsi baptisée ultérieurement.
- Il semble par ailleurs qu'il faille expliquer le nom de la rivière de la Mère par le fait qu'elle représente une étendue d'eau (de même que, plus au sud, la Dordogne et la Garonne encadrent l'« Entre-Deux-Mers »). Ce nom n'est pourtant pas indifférent pour cette rivière qui irrigue deux lieux habités par Mélusine, la Mère Lusine : Vouvant et Mervent, et que contemplait, du creux de sa grotte, le père de Montfort, fervent dévôt de Marie, la Mère de Dieu.
La première implantation de Vouvant consistait, aux temps préhistoriques, en un éperon barré encerclé par la Mère.
Puis l'on choisit la boucle voisine de la rivière, qui proposait sur le même modèle un espace plus grand, pour y édifier des fortifications.
Ce sont les moines de l'abbaye de Maillezais, sous la direction de Théodelin, ami de Guillaume le Grand d'Aquitaine, qui vont véritablement fonder le site : ils défrichent les terres, fondent un prieuré et établissent une imposante église au XIème siècle.
Les Lusignan s'y manifestent en 1190 : Eustache Chabot, qui sera la mère de Geoffroy II, dit « la Grand'Dent », épouse Geoffroy Ier et apporte la seigneurie à cette famille en dot. Elle renouvelle ainsi en quelque sorte le don fondateur de Mélusine : les Lusignan s'y installent, font reconstruire le château et inaugurent une période de puissance et de richesse qui se prolongera jusqu'à la Renaissance. Saint Louis passera en 1242 par Vouvant afin de réduire un mouvement de révolte, et il obtiendra ainsi la reddition de Geoffroy la Grand'Dent.
La chapelle nord de l'église est désignée sous le nom de Lusignan, et une inscription y attesterait le fait que Geoffroy la Grand'Dent y aurait été enseveli.
Mais les Guerres de Religion vont amorcer un déclin qui se poursuivra jusque sous Louis XIV.
L'aigle, emblème des Lusignan, au-dessus de la porte de l'église
Chapelle latérale nord de l'église, dite "des Lusignan"
Inscription dans l'église (chapelle des Lusignan) :
L'exploitation de la légende de Mélusine à Vouvant tend à faire de ce lieu son site de prédilection. C'est ainsi que, trois années consécutives, Marie-France Remaud a mis en scène l'histoire de la fée en un circuit autour des remparts , avant d'organiser des balades contées, où, s'appuyant sur le roman (pseudo-)historique de Marijo Chiché-Aubrun, Les dames de Lusignan, elle suggère l'existence d'une Mélise que son mari Raimondin surprend dans sa retraite le vendredi agenouillée devant la Torah, et qu'il tue de son épée en découvrant sa judéité.
C'est Mélusine qui édifia, en une nuit, selon sa coutume, le château de Vouvant « en trois dornées de pierre et une goulée d'ève », autrement dit avec le contenu de trois tabliers de pierres et d'une gorgée d'eau. Pour cela elle allait puiser l'eau à une fontaine distante de quatre lieues. Et comme ailleurs elle se trouva surprise avant que le travail soit totalement achevé, et elle disparut aussitôt en lançant sa malédiction.
On retrouve autour de Vouvant toute une série de croyances et de légendes qui imprègnent l'imaginaire vendéen et qui peuplent le bocage de créatures fantastiques qui n'ont rien à envier à celles que l'on trouve sur les frontons et chapiteaux de son église. Il y est aussi question d'un trésor constitué de trois boules d'or, que l'on n'a toujours pas trouvé.
Quelques faits remarquables, comme celui de la Cour des Miracles, ont plus récemment été attribués au père de Montfort qui séjourna à Vouvant pendant l'hiver 1715/1716 (Voir vidéo sur le père de Montfort, raconté par Marie Garreau).
La tour Mélusine dominant la Mère
Chapiteau à l'angle nord-est de l'église
Chapiteau à l'angle nord-est de l'église
Marie Garreau
Béatrice Ripaud
Denise Albert
Marie-France Remaud
Jean-Marie Grassin