La paroisse de Bais, qui se situe à la limite de la Bretagne, est attestée dès le début du VIème siècle : c'est là que naquit saint Mars, un disciple de saint Melaine. Le contexte mythologique de cette commune, pour laquelle on a proposé des armoiries « d'azur, à la crosse d'or et à la bêche de sable, posées en sautoir » et la devise « Labor et Pax », se concentre apparemment autour du nom et de la légende de saint Mars. Et c'est peut-être dans le contexte des communes qui portent incidemment le nom de ce saint que l'on peut envisager de trouver des clefs ...
Le bourg de Bais
- Abbé J.M. GUET, Saint Mars, patron de Bais, Vitré, Impr. J. Guays, 1884
-Abbé CRUBLET, Histoire illustrée de Saint Marse, évêque de Nantes, Bais, 1943.
- Chanoine RUSSON, La Paroisse de Bais, Nantes, Imprimerie de Bretagne, 1961.
- Jean-Claude MEURET, Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne des origines au Moyen Age, Laval, Société d'Archéologie et d'Histoire de la Mayenne, 1993.
- Jean-Claude MEURET, L'antique statuette tricéphale et ithyphallique de Bais (Ille-et-Vilaine), Revue archéologique de l'Ouest, 7, 1990.
La voie romaine Angers-Rennes passait au Bourg-Saint-Pair et il existe des signes d'occupation dès cette époque.
- Près de La Guerche-de-Bretagne, et donc proche de la frontière entre Bretagne et Maine.
- Dans le bassin de Rennes, pays de plaine doté de bonnes terres agricoles.
L'église Saint-Marse de Bais
- L'église XVI,XVIIèmes siècles, restaurée au XIXème, est dédiée à saint Mars. Ses reliques y sont exposées dans une châsse, et les vitraux évoquent le miracle de la source qu'il a fait jaillir et les funérailles de saint Melaine auxquelles il assistait, ainsi que le retour des reliques à Bais en 1750 et leur sauvetage au moment de la Révolution. Sont aussi présents saints Pierre, Paul, Julien et Nicolas. Le Porche-aux-Malades abrite un banc des lépreux d'où ceux-ci pouvaient assiter aux offices.
- La chapelle de Marcé commémore les lieux qui ont vu naître, vivre en ermite et mourir saint Mars. On y trouve des reliques du saint, et les vitraux opposent les figures de saint Mars et de saint Marcel.
- La chapelle Notre-Dame-d'Alliance accueillait les fiancés venus échanger leurs voeux. Les couples mariés venaient aussi y solliciter la fécondité.
- L'ancien Puits Saint-Mars a jailli sous son bâton et est marquée par un petit oratoire.
- On relève dans la région d'autres anciens Bediscum : Bais dans la Mayenne, et l'île de Bais dans la Brière, près de Saint-Joachim, ainsi que Bédée, à l'ouest de Rennes.
- Bais s'inscrit géographiquement dans le réseau des paroisses Saint-Mars qui encerclent la province d'Anjou, et notamment celles qui, en Loire-Atlantique, Mayenne et Sarthe, coïncident avec l'histoire de ce saint (et peut-être avec d'anciens lieux de culte du dieu Mars).
Notre-Dame d'Alliance, dans la chapelle du même nom
- Saint Mars.
Statue de saint Mars, près de la fontaine
- La fête patronale de saint Mars, autrefois le 21 juin, a été déplacée au 5 juillet (translation des reliques en 1843). Les reliques étaient autrefois portées par les conscrits entre l'église et la chapelle et la célébration se situe actuellement à Marsé le dimanche suivant. Il s'agit là de la Grande Saint-Marse. La Petite Saint-Marse était, elle, célébrée le 14 janvier (première translation d'une partie des reliques en 1749).
- Le pèlerinage à Notre-Dame-d'Alliance se situe le dernier dimanche d'août.
- Les processions des Rogations se rendaient le lundi à Notre-Dame-d'Alliance, le mardi (le jour de Mars ?) à Marsé, et le mercredi à la chapelle de l'école des filles.
Les reliques de saint Mars avaient été mises en sécurité à Vitré en 1427, aux temps incertains de la Guerre de Cent Ans, et elles y furent vénérées. Ce n'est que plus tard que les paroissiens de Bais revendiquèrent le retour de ces précieux restes et tentèrent notamment de les dérober à l'occasion d'une procession. Ils obtinrent en 1749 le retour de quelques ossements (actuellement à la chapelle de Marsé), puis de la quasi intégralité des reliques en 1843 (actuellement à l'église de Bais).
- D'après Dauzat et Rostaing Bediscum : du gaulois bedo, fosse, canal, ou de betu, bouleau. L'ancienne graphie Bays a pu suggérer la présence d'une ancienne abbaye.
- Marsé (ou Marcé), dont le nom semble renvoyer à saint Mars, et qui se trouve sur une dénivellation, pourrait évoquer une « marche », une place défensive sur une limite, comme par exemple, au sud de La Guerche, Brains-sur-les-Marches. Peut-on supposer dès lors une interaction entre les noms du lieu et du saint ? Voire l'implantation locale du saint en raison du toponyme ?
Bais se situe dans une zone de peuplement intense et continue depuis, au moins, la protohistoire. Au-delà des traces de la période gallo-romaine, le premier centre religieux en fut l'ermitage de Marsé, puis le Bourg-Saint-Père, qui abritait le prieuré Saint-Pierre. En témoigne une importante nécropole mérovingienne qui a révélé de nombreux sarcophages, ainsi qu'un trésor de monnaies.
Les reliques de saint Mars avaient été mises en sécurité à Vitré en 1427, aux temps incertains de la Guerre de Cent Ans, et elles y furent vénérées. Ce n'est que plus tard que les paroissiens de Bais revendiquèrent le retour de ces précieux restes et tentèrent notamment de les dérober à l'occasion d'une procession. Ils obtinrent en 1749 le retour de quelques ossements (actuellement à la chapelle de Marsé), puis de la quasi intégralité des reliques en 1843 (actuellement à l'église de Bais).
Le demi- cercle, parmi les sarcophages, marque l'implantation ultérieure de l'église de Saint-Père
Les reliques de saint Mars dans l'église de Bais
Sarcophages mis à jour par les fouilles
Toute l'histoire légendaire de Bais se concentre autour de celle de saint Mars, son patron, qui y est né et qui, après avoir été évêque de Nantes, y est revenu vivre et mourir en ermite. Personnage historique sans doute, quoique certaines données semblent incertaines ou contradictoires : on connaît bien l'évêque Marcius de Nantes, mais il a vécu un siècle avant saint Melaine dont saint Mars est réputé être le disciple.
En fait le Mars de Bais pourrait bien avoir été le successeur de saint Epiphane ; son nom serait resté ignoré des listes épiscopales dans la mesure où il avait renoncé à sa charge et était mort loin de l'évêché. Toujours est-il que l'épisode qui, pour certains, est à l'origine de l'abandon de sa fonction, est lourd d'implications légendaires. Mais ce récit de la transformation du pain en serpent semble mal connu de la tradition de Bais. Et pourtant le pain est bien présent dans la vie traditionnelle de la paroisse, puisqu'il est toujours coutume d'y faire le dimanche l'offrande du pain, rite qui apparemment ne se limite pas à cette seule paroisse.
A Bais même, saint Mars opère un miracle, qui est propre à bien des saints : alors que la région souffrait d'une grande sécheresse, et que la Quincampoix était à sec, la population est venue l'implorer. Après avoir prié, il prit son bâton et, creusant la terre, il en fit jaillir une source qui, depuis, n'aurait jamais tari.
Il a également opéré un miracle au lieu-dit La Hignette : voyant une vieille femme occupée un dimanche - jour où tout travail était prohibé - à arracher les fougères qui pullulaient dans son champ, Mars lui demande d'arrêter et de se rendre à la messe. A son retour, toutes les fougères ont disparu, et jamais depuis elles n'ont repoussé sur ce terrain. Une autre version situe l'épisode dans l'enfance de Mars : sa mère lui avait demandé d'aller ramasser de la fougère, mais, voyant une vieille femme peiner à ramasser des brindilles, il préféra l'aider. Sa mère, furieuse, le corrigea sévèrement ; mais Mars, ne voulant pas que sa mère pâtît de son geste, fit une prière à Dieu, et au retour à la ferme, l'étable était garnie d'une épaisse couche de fougères. Depuis ce temps, il n'en poussa plus dans le champ où l'enfant fut puni. Ce miracle, qui symbolise l'action de défrichement entreprise par les premiers évangélisateurs, peut être rapproché de ceux qui furent accomplis, non loin de là, par saint Melaine (enfant il fut fouetté avec des genêts, ce qui le détermina à interdire à ceux-ci de pousser) et Robert d'Arbrissel. On peut noter par ailleurs que non seulement la jeune pousse de la fougère mâle est lovée comme un serpent, ce qui la met en rapport avec la légende de saint Mars, mais qu'elle est en forme de « crosse » (c'est ainsi que la botanique la désigne), évoquant à la fois la fonction épiscopale du saint, la tradition populaire qui en fait un antidote contre le venin des serpents et les armes de la ville de Bais.
On ne peut pas au demeurant ne pas être frappé par la récurrence de la sonorité MAR(S) en cette commune. On y trouve des lieux-dits La Marzelière ou La Haye-Martin. Le nom du hameau Marcé ou Marsé semble se référer à une "marche", à une limite de territoire ; mais il est sans aucun doute aussi redevable à celui du saint qui est né (à moins que ce ne soit le toponyme qui ait suscité la légende). La première pierre de la précédente chapelle édifiée en ce lieu fut posée le 25 avril 1842, et l'autel béni juste trois ans après, toujours le jour de la Saint-Marc. Et que dire du vitrail qui, dans la nouvelle chapelle, montre saint Marcel faisant face à saint Mars? C'était apparemment le saint patron du curé qui l'a fait poser : le hasard fait bien les choses ... Comment interpréter enfin la présence dans l'église d'un saint Julien, qui n'est pas celui du Mans mais qui de toute évidence est situé à l'époque romaine. Il s'agit très probablement de saint Julien de Brioude, qui est allé au devant du martyr, mais ne pourrait-on pas aussi évoquer le saint Julien d'Anazarba, martyrisé par le préfet Marcien, et celui de Constantinople, martyrisé en compagnie de saint Marcien ?
Le miracle de la source (vitrail de l'église)
La fontaine Saint-Mars
La fontaine Saint-Mars
Anne Bourguignat, maire de Bais
Jean Boutruche
Jean Chesnel et son épouse
Jean-Claude Meuret, archéologue