L'église de Vouvant a subi bien des transformations avec le temps, et l'on peut supposer que nombre d'éléments significatifs ont été effacés. Notons toutefois qu'en ce lieu placé sous la féminine influence d'une fée, elle se retrouve normalement dédiée à la bonne Dame, à la Vierge, dont on assiste à l'Assomption sur le vitrail qui domine le choeur et, plus bas, la nef des fidèles qui situe au pied d'une volée de marches. On peut aussi être tenté d'interpréter la crypte qui se love au-dessous du choeur comme un symbole maternel. Mélusine en personne y est également présente, de par sa descendance, puisque la chapelle nord reste désignée sous le nom de « chapelle des Lusignan », et qu'une inscription (« Autrefois célèbre, maintenant cendre et poussière ») y marquerait la sépulture de son fils mi-légendaire mi-historique, Geoffroy la Grand-Dent. On peut aussi découvrir, à l'extérieur du chevet de cette chapelle, une figure de sirène à deux queues que l'on a coutume, sans véritable raison, d'assimiler à la fée locale. La partie la plus remarquable de l'édifice reste son portail nord, qui lui donne toujours accès : le fronton abondamment sculpté montre une multiplicité de figures qui semblent vouloir témoigner de la diversité de la création divine. La partie supérieure du fronton, d'époque gothique, ne pose guère de problème d'interprétation : la Cène rassemblant autour de Jésus les douze apôtres, et au-dessus, dirigée vers le pignon triangulaire, une Ascension. Mais c'est la partie inférieure, romane, ainsi que les chapiteaux et modillons qui l'entourent, qui doit retenir l'attention. L'interprétation n'en est pas toujours aisée, et les indications que l'on peut avancer ne doivent être considérées que comme des suggestions. Une chose est toutefois évidente : la présence récurrente du thème du serpent, probable allusion à la nature en ce lieu de la fée Mélusine. Le bestiaire mêle allègrement les êtres fantastiques et les animaux exotiques, sans doute apportés par les Croisades auxquelles ont participé les Lusignan. Et l'on retrouve le thème du mal, sous toutes ses formes, contre lequel il convient de lutter.
Le chevet de l'église