Les hommes du néolithique ont marqué le paysage en érigeant des pierres sacrées, que la tradition populaire n'a pas manqué d'attribuer aux druides, quand ce n'était pas aux fées. De même, la proposition d'une étymologie pré-celtique du radical sal pour Saumur peut laisser inférer une certaine ancienneté des lieux dans le passé, même s'ils étaient, pour des raisons évidentes, inhabités puisque submergés. Ils ne seraient pas pour autant restés ignorés et auraient servi, en négatif, de support à des représentations éventuellement liées à certaines traditions et croyances. Le nombre et l'importance des sites mégalithiques, conservés ou non, dans les environs immédiats de la zone marécageuse prêchent pour une occupation ancienne et ritualisée, sur laquelle, bien entendu, on ne peut que faire des suppositions. Une affectation rituelle serait confirmée par le cromlech disparu de Saint-Julien, espace sacré regroupant un ensemble de menhirs disposés en cercle, par l'importance même de la Grande Pierre Couverte de Bagneux qui a été décrite comme le plus grand caveau funéraire de France, et peut-être par des traces d'alignements que l'on a pu déceler ; tous ces ensembles semblent impliquer une certaine conception du monde qu'il est d'autant plus difficile de déchiffrer que la plupart des vestiges ont été effacés par le temps et l'urbanisation. C'est sur ce fond préhistorique que les Celtes développèrent leur propre civilisation. On a pu mettre en évidence l’existence d'un sanctuaire gaulois à Bagneux. Il n'est pas indifférent de constater qu'au-delà de ces temps mal connus, Saumur est restée fortement marquée par la pierre, pierre rituelle, pierre de construction, ou bien encore roche des caves qui évoque, en creux, l'intimité de la matrice maternelle : non plus de solides blocs de grès, mais le tendre et blanc tuffeau, extrait des carrières, qui illumine maisons et édifices de la ville. La pierre également que, selon la tradition, tailla le moine Absalon au IXème siècle (bien qu'elle soit réellement de facture du XVème siècle) et qui, retrouvée dans l'argile au pied du coteau, devint la Vierge des Ardilliers. Dès lors faut-il jouer avec les mots, et rapprocher ce thème de l'importance des dédicaces à saint Pierre ? Ce saint, auquel Jésus a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église", n'est-il pas le saint patron de Saint-Pierre, au cœur même de Saumur, et des églises de Bagneux et de Dampierre ?
Le tendre tuffeau (chapiteau de l'église Saint-Pierre)